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Le Top Tendances de la rentrée

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Le Top Tendances de la rentrée

En ce mois de septembre, explorons 6 tendances qui pourraient guider la rentrée UX et s’installer durablement dans les pratiques. Les valeurs positives se retrouvent bien présentes dans les lignes directrices vouées à perdurer en 2023, témoignant d’une volonté d’engagement de la conception à l’offre de services.

1. L’inclusion au delà du simple bonus

  • Diversité, inclusion, accessibilité, une volonté d’exhaustivité

Les utilisateur·rice·s sont désormais habitué·e·s à être représenté·e·s dans toute leur diversité : les choix de personnalisation (pronoms, avatars, emojis, photos publicitaires) doivent impérativement la refléter. 

  • La prise en compte du handicap pour une meilleure accessibilité

Les organisations, y compris non numériques, mobilisées sur des handicaps tels que la cécité et la surdité, déploient également leurs services et fonctionnalités pour répondre à d’autres besoins spécifiques comme l’autisme, la dyslexie, ou l’épilepsie. Il s’agit alors de proposer des interfaces responsives, proposant de personnaliser le zoom, le contraste, la commande vocale.

  • Sortir d’une conception ethnocentrée 

Dans un monde globalisé, il apparaît comme une évidence de proposer des environnements numériques dont les services intègrent la réalité de la mondialisation. A titre d’exemple, intégrer la lecture de gauche à droite (arabe, farsi, hébreu), ou encore proposer des modes d’inscription via une adresse mail plutôt qu’un numéro de mobile semblent participer d’une démarche d’ouverture et d’égalité d’accès.

Le cas d’Instagram 

Exemple récent sur les plateformes de RSN, notons que la mise en service en mai 2022 de l’avatar proposé par Instagram, fait apparaître des options de personnalisation poussées, dépassant les memojis initiés par Apple en 2018.

 La plateforme propose des avatars en fauteuil roulant ou arborant une prothèse auditive. La personnalisation offre pas moins de 28 teintes de peaux, dont les plus foncées présentées en premier.

Options de personnalisation de l’avatar proposé par Instagram.

Options de personnalisation de l’avatar proposé par Instagram

2. L’ éco-conception ou la chasse aux fonctionnalités superflues

Vaste sujet qui s’impose comme une récurrence, à l’aune de l’urgence climatique matérialisée par l’été 2022 (méga incendies, mousson dévastatrice, records de températures). Chaque effort pour ralentir l’inéluctable devient bienvenu pour atteindre la sobriété numérique et énergétique sans tomber le greenwashing

Les leviers d’action ? L’empreinte énergétique, la consommation de batterie et de bande passante, le refus des fonctionnalités superflues sensées enrichir l’expérience utilisateur.

Le cas de Spotify 

Illustrons notre propos avec le cas des Canvas, clips vidéos de 8 sec diffusés en boucle par Spotify à l’écoute d’un titre ou d’un album. Bien souvent, lors de l’écoute de ses titres favoris, l’utilisateur ne se trouve pas devant l’écran de l’interface d’écoute pour cette activité qui sollicite majoritairement l’ouïe. 

Dans le déni de l’énergie consommée et du poids du média, sont alors diffusées des contenus vidéos énergivores et redondants qui ne sont pas regardés par l’utilisateur. L’option est désactivable dans la rubrique paramètre de l’application, à condition de le savoir.

Canva issu de Spotify.

Canva issu de Spotify.

Paramètres de lecture Spotify incluant la désactivation des Canvas.

Paramètres de lecture Spotify incluant la désactivation des Canvas.

3. Le bien-être digital, une autre facette du Care ?

A l’issue de deux années de crise sanitaire ayant provoqué une consommation exacerbée d’écran, la question de l’impact du temps passé sur les outils numériques et les enjeux de santé mentale en lien avec l’utilisation de réseaux sociaux, se font de plus en plus présents. Ces 10 dernières années, le sujet s’est enrichi de nouvelles études, le droit à la déconnexion à fait son apparition et les initiatives pour limiter l’impact négatif de l’usage des écrans, notamment sur les jeunes publics, commencent à être mises en lumière.

Le cas de Google 

Le géant des GAFAM a créé un site web dédié au digital wellbeing (bien-être numérique). Le postulat de Google est que la finalité de la technologie est “d’améliorer la vie des utilisateur·rice·s, non pas de la perturber”. Si l’intention semble louable, il est bon de se rappeler que les acteurs du numérique se disputent l’attention de l’utilisateur·trice, sujet théorisé par Dominique Boullier dans la Médiologie des régimes d’attention

Or, capter l’attention de l’utilisateur implique que ce dernier soit connecté, et même, en immersion dans l’univers numérique proposé, pour soutenir le business model des plateformes sociales.

Notons qu’une série de conseils pour lutter contre les Dark Patterns et ainsi concevoir des services numériques respectueux du bien-être de l’utilisateur sont dispensés à travers une boîte à outils “Digital Wellbeing” : 

  • Paramètres alignés avec les besoins psychologiques et physiologiques ; 
  • Datavisualization informative ; 
  • Discours de transparence et options de personnalisation ; 
  • Scrolling ; 
  • Fréquence des notifications et récompenses. 

Par ailleurs, il s’agit également de responsabiliser l’utilisateur sur sa propre consommation numérique à travers un contenu pédagogique pour lui apprendre à “se créer des limites”. Des fonctionnalités de mesure de l’utilisation sont proposées pour différents produits Google. Balbutiements d’une auto-régulation ou washing ? Nous vous laissons juger.

Les recommandations issues du site Well being de Google.
Les recommandations issues du site Well being de Google.

Les recommandations issues du site Well being de Google.

4. Quand l’IA rencontre l’humain

L’intelligence artificielle, AI en anglais, est de plus en plus présente dans le quotidien des utilisateurs. C’est elle qui permet de déverrouiller son smartphone à l’aide de la reconnaissance faciale. Nous la retrouvons également dans les chatbots, ces conseillers virtuels présents sur les sites marchands, et bien entendu dans les assistants vocaux comme Alexa. 

Dans des secteurs d’activité variés, diverses organisations à l’exemple d’Accenture, Intel, Hewlett Packard (HP), Apple et Google, y ont recours pour améliorer leurs services et l’UX n’est pas en reste. 

Selon Accenture, “L’intelligence artificielle est une constellation de technologies différentes, qui fonctionnent de concert pour permettre aux machines de percevoir, de comprendre, d’agir et d’apprendre à des niveaux d’intelligence comparables à ceux des humains.”

Le cas du Machine Learning et des tests utilisateurs 

Nous retrouvons l’IA au service de l’expérience et des tests utilisateurs, notamment via le Machine Learning (LN). L’apprentissage automatique repose sur des algorithmes complexes qui apprennent à partir de données ou d’interactions humaines. A l’issue d’une période donnée, le programme acquiert des connaissances suffisantes pour agir à partir d’une instruction précise ou pour prédire des résultats. On parle aussi d’intelligence artificielle centrée sur l’humain (HCAI).

L’IA permet également d’automatiser des process, d’améliorer le rendement et de réduire les coûts, les délais et les erreurs humaines. En UX, elle peut être employée pour proposer un haut degré de personnalisation. 

Lors des tests utilisateurs, l’IA effectue une récolte automatisée et rapide des informations issues de l’entretien, par vidéo, texte et capture d’écran. La voix peut être analysée par l’IA pour y déceler les sentiments positifs et négatifs, les émotions de l’utilisateur. Le compte-rendu peut alors être automatisé et livré plus rapidement. Ce gain de temps peut être mis au profit des recommandations qui, elles, nécessitent une réflexion bien humaine ! Il ne s’agit pas de confier le décisionnel à l’IA, qui rappelons-le, ne dispose pas de sens éthique ou de l’initiative, d’émotions, de morale, ou d’imagination.

Les entreprises l’ont compris et continuent d’explorer l’IA en développant des technologies de plus en plus human-like, comme LaMBDA de Google ou Ruth, la cookie coach de Nestlé.

L’assistant vocal Siri sur l’Apple Watch

L’assistant vocal Siri sur l’Apple Watch

Ruth le chatbot de Nestlé pour des interactions vocales

Ruth le chatbot de Nestlé pour des interactions vocales

5. Le Web3 : le pouvoir aux internautes

Le web3, succède à l’actuel web2.0 et à son ancêtre, le web 1.0. Sa promesse ? Contrer la centralisation d’un internet dominé par les GAFAM

Aujourd’hui, internet est régi par les États et par les géants du numériques, dont les services utilisent des données utilisateurs et personnelles à des fins notamment commerciales. Plus de 90% des requêtes effectuées dans le monde sur internet le sont à partir du moteur de recherche de Google tandis que Facebook compte près de 3MD d’utilisateurs

La Web3 Foundation, résume bien les ambitions de ce nouveau web : “Fournir le Web 3.0, un Internet décentralisé et équitable où les utilisateurs contrôlent leurs propres données, leur identité et leur destin.” Le Web3 se propose de rendre son indépendance à l’internaute tout en gardant les innovations du Web 2.0.

Le cas des GAFAM

L’idée est aussi d’éviter la répétition de cas tels que Cambridge Analytica et l’exploitation effrénée des données personnelles. Si Meta et Mark Zuckerberg s’en tirent cet été avec un arrangement financier qui leur permet d’éviter le long procès entamé en 2018 pour exploitation de données personnelles sans le consentement et à des fins électorales, nul doute que les pratiques du groupe seront scrupuleusement observées. 

En 2019, la firme avait dû payer une amende de 5 milliards de dollars, avant de se retrouver sous le feu des Facebook Files en 2021. En février 2022, Meta a perdu 232 milliards de dollars en Bourse, à la suite de la désertion des jeunes au profit de Tik Tok et de la baisse du nombre d’utilisateurs. Une suite logique pour le réseau vieillissant né en 2004 ?

Quant à Google, énième report pour la fin des cookies tiers sur leur navigateur Chrome, prévue cette fois-ci pour mi-2024. La raison évoquée par Google ? Continuer les tests des interfaces de programmation (APIs) lancés en août 2022. Facile d’imaginer que la fin des cookies tiers menace le business model de la firme, en imposant de repenser le fonctionnement de la publicité. 

C’est ce qu’entend faire la Privacy Sandbox initiative lancée par Google pour “pour répondre à ces défis en réfléchissant ensemble à des alternatives aux cookies tiers pour protéger avant tout la vie privée des internautes.” La nouvelle piste ? Topics, une solution de ciblage des internautes par centre d’intérêts, basé sur la sélection de 3 thèmes maximum. Les thèmes seraient visibles, modifiables ou entièrement désactivables par les internautes.

6. Métavers : quelles perspectives ?

Nous vous en parlions déjà dans notre article, le métavers (metaverse en anglais) interroge, mais se présente pourtant comme “L’internet du futur” (et donc du Web3 si vous suivez bien). Il fait appel à la réalité augmentée pour proposer dans le virtuel, un monde qui rappelle paradoxalement les contours du réel. On y trouve la création d’espaces immersifs en 3D, des lieux de socialisation virtuels, des visio conférences, du shopping en ligne, des transactions diverses, des happenings innovants, des concerts virtuels et bien sûr la création d’avatars.

Le cas d’Horizon Worlds 

Horizon Worlds, le métavers de Meta (Facebook), est accessible via un compte Facebook et à l’aide d’un casque de réalité virtuel et en est à ses balbutiements. Les utilisateurs s’y font rares et les graphismes sont pour le moment relativement sommaires. Côté UX, les testeurs de la FNAC note un design basique, un changement d’univers lent, et un avatar à la gestuelle limitée.

Selfie de Mark Zuckerberg dans Horizon Worlds

Selfie de Mark Zuckerberg dans Horizon Worlds

La ville virtuelle Gucci sur le jeu en réseau Roblox

La ville virtuelle Gucci sur le jeu en réseau Roblox

What’s next ?

En France, le Centre National du Cinéma (CNC), va dédier 3,6 millions d’euros par an, à une “création immersive” dirigée par Jean-Michel Jarre, afin de proposer des contenus animés innovants dans univers virtuels créatifs.

Pour le moment, le métavers semble faire les affaires plutôt lucratives des marques, dans la continuité des habitudes de shopping en ligne. A titre d’exemple, Gucci, Puma ou encore Ford qui entend y animer des salons automobiles professionnels 

Les marques usent du procédé pour déployer leur désirabilité auprès de jeunes consommateurs. C’est donc le cadre d’une nouvelle économie numérique où fleuriront des centres commerciaux virtuels prisés de la Gen Z. Selon l’étude Obsess, 70% des visiteurs américains de magasins virtuels y ont effectué un achat . 

Le métavers apparaitrait aussi comme le lieu de prédilection pour acheter des produits digitaux tels que les NFT. Notons cependant que selon le rapport Digital 2022 de We are social x Hootsuite, 87% des utilisateurs de réseaux sociaux ne savent pas ce qu’est un métavers, tandis que 85% sont dans l’ignorance lorsqu’il s’agit de comprendre le concept de NFT. 

Énergivore, requérant une connexion de qualité et parfois l’usage d’un casque de réalité augmentée, le métavers ne s’est pour le moment pas démocratisé, dans un contexte où la sobriété numérique est requise et où la surconsommation est décriée. 

Bien-être numérique et écologie vs surconnexion et surconsommation

Du mieux être au mieux faire, la tendance globale semblerait être celle d’une attention exacerbée accordée à l’humain… au travers de la technologie. Pour autant, l’écologie, la santé mentale ou le bien-être digital ne semblent pas peser bien lourd face à la course effrénée à la croissance des GAFAM, des différentes plateformes de services ou des grandes marques de la mode ou de l’automobile. 

Saluons cependant les initiatives visant à inclure et visibiliser, tout comme celles visant à responsabiliser l’utilisateur-consommateur sur sa consommation numérique.

“Green Design” ou greenwashing ?

“Green Design” ou greenwashing ? 2883 1533 Wedo studios


“Green Design” ou greenwashing ?

A quelques semaines de la COP 27 qui se tiendra à Charm el-Cheikh en Égypte du 6 au 18 novembre, retour sur la notion décriée du greenwashing. 

Contrairement aux apparences, le procédé pourrait bien nous donner quelques leçons d’écologie sur les do’s & dont’s applicables au design numérique, afin d’éviter d’être dans le rouge.

L’état des lieux du greenwashing

Du côté des utilisateurs

Si les français·e·s s’intéressaient déjà à la transition écologique (en 2021, 76% d’entre eux·elles se disaient davantage impliqué·e·s dans la réduction de leur empreinte carbone), les événements climatiques de cet été n’ont fait que renforcer leur engagement. 

Selon un sondage Odoxa, 77% des français·e·s “estiment que les perturbations climatiques vont devenir régulières si nous ne changeons pas radicalement notre manière de vivre et de consommer” et la majorité d’entre eux·elles ont le sentiment que ni les entreprises, ni l’État ne les encouragent en ce sens.

Face à ce constat, les entreprises se trouvent face à l’injonction sociétale de s’adapter à ses nouveaux comportements, tout en faisant évoluer leurs pratiques. 

Du côté des entreprises

La tentation est alors grande de céder au procédé du greenwashing pour préserver son image et conserver ses publics plutôt que de répondre concrètement aux enjeux écologiques.

C’est d’ailleurs ce que dénonce le Carbon Disclosure Project (CDP) qui publie chaque année un classement des entreprises selon leurs actions en faveur de l’environnement. Le score s’appuie sur plusieurs enjeux écologiques ou climatiques : le changement climatique, la préservation des forêts et la sécurité de l’eau.

Sur 12 000 entreprises évaluées (16 870 n’ont pas souhaité répondre ou n’ont pas fourni suffisamment de données), seulement 272 ont reçu les meilleurs résultats. Parmi elles, Danone (française), Firmenich (suisse), Fuji Oil Holding (japonaise), HP (américaine), International Flavors & Fragrances (américaine) ou encore L’Oréal (française).

Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants quand on sait que 100 entreprises représentent à elles seules 71% des émissions de gaz à effet de serre mondiales (selon un rapport du CDP datant de 2017).

Qu’en est-il du design numérique ? Peut-il enrichir son cahier des charges en intégrant des exigences éco-responsables ? L’UX durable existe t-il ? Cette transformation impliquerait des impératifs de conception en phase avec les valeurs « vertes » des usagers tout en dépassant l’écueil du greenwashing.

Mais qu’est-ce que le greenwashing  ?

Ce mot-valise est l’association des mots green (vert en anglais) et washing (laver). On peut également le lier au terme whitewashing (badigeonner un mur en mauvais état avec de la chaux) qui est utilisé de façon familière pour qualifier la dissimulation d’informations négatives ou incriminantes sur quelqu’un ou quelque chose.

D’après le chercheur géologue Dahl Richards, le greenwashing apparaît pour la première fois dans les années 80 pour décrire une pratique consistant à communiquer sur un engagement environnemental de manière injustifiée ou exagérée, dans le but de parfaire son image.

Éco-conception, le vert à moitié vide

Ainsi le greenwashing, en UX ou en général, est essentiellement une pratique marketing ou de communication. On le retrouve dans les multiples annonces et campagnes censées affirmer les engagements écologiques des géants de la tech notamment.

Fin 2020, Amazon a lancé son label Climate Pledge Friendly qui réunit des objets certifiés “éco-responsables”. De leur côté, Google, Microsoft et Apple par exemple, affirment travailler sur la réduction de leurs émissions carbone et ont communiqué leurs objectifs zéro carbone pour les prochaines années. 

La réalité est que leur modèle économique est loin d’être eco-friendly. Nous vous en parlions déjà dans notre article sur la conception des sites basses consommation, le numérique représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre mondiales (environ 3% des émissions mondiales et 10% de la consommation mondiale d’électricité est liée à Internet).

Outre la fabrication des équipements numériques qui contribuent fortement aux émissions carbone et à l’épuisement des ressources naturelles (Apple a récemment lancé son nouvel iPhone 14), les immenses data centers des GAFAM représentent également d’importants gouffres énergétiques.

En effet, ces centres de données de dizaines d’hectares nécessitent des quantités astronomiques d’eau et d’électricité. En août dernier, un média hollandais a révélé qu’un data center de Microsoft, situé dans le nord du pays, avait consommé 84 millions de litres d’eau l’année dernière pour rafraîchir ses serveurs. 

Du côté de Meta (ex Facebook), la course au metaverse ne risque pas d’améliorer les choses. Combinaison de réalité virtuelle et de réalité augmentée, la nouvelle lubie de Mark Zuckerberg implique l’utilisation d’équipements numériques et de réseaux encore plus puissants. 

Du greenwashing au waking (up)

Il revient ainsi aux entreprises de non seulement s’adapter aux nouvelles attentes des utilisateur·trice·s mais aussi de faire évoluer leurs propres pratiques, sans tomber dans le greenwashing.

Le mot d’ordre est la sobriété numérique ! 

La sobriété numérique est un concept, introduit par l’ingénieur et fondateur de GreenIT Frédéric Bordage, qui consiste à encourager un usage modéré du numérique dans le but de réduire son empreinte carbone. L’ADEME a récemment publié un guide intitulé En route vers la sobriété numérique.

On y retrouve des conseils pour “profiter du numérique en gardant le contrôle”, tels que :

  • Éteindre ses appareils quand on ne les utilise pas (les laisser en veille ne suffit pas),
  • Garder ses équipements plus de 4 ans pour en réduire l’impact environnemental ou trouver des alternatives au neuf,
  • Privilégier la Wifi aux données cellulaires,
  • Télécharger ses vidéos plutôt que les regarder en streaming et éviter le visionnage en HD, 
  • Privilégier l’audio plutôt que la vidéo.

Des habitudes que les entreprises devraient encourager chez les utilisateur·trice·s en optimisant leur parcours utilisateur et en abandonnant les fonctionnalités superflues qui consomment inutilement de l’énergie (voir le cas de Spotify).

Le guide d’éco-conception des Designers Éthiques est d’ailleurs un excellent outil pour les designers et web développeurs qui souhaitent se former dans la conception d’interfaces low-tech.

Petit lexique du “green design”

  • Le Green coding :

Techniques et solutions de programmation servant à créer des logiciels moins gourmands en énergie. Il nécessite des web développeurs qu’ils soient plus attentifs au contenu et à la longueur de leurs codes par exemple.

  • Le Green hosting :

L’hébergement web (web hosting en anglais) est à la base du fonctionnement même d’Internet. Les hébergeurs mettent des espaces de stockage à disposition des sites web afin qu’ils puissent être publiés sur Internet. Qui dit stockage de données, dit data centers. Les hébergeurs web sont donc d’immenses data centers permettant de stocker toutes les données de tous les sites Internet du monde.

Le green hosting consiste à concevoir et choisir des hébergeurs (et donc data centers) plus respectueux de l’environnement. Cela passe notamment par l’utilisation d’énergies renouvelables pour les alimenter, d’alternatives à la climatisation pour refroidir les serveurs, etc.

  • Le Green nudge :

Le nudge (coup de coude, en français) est une technique, théorisée en 2008 par l’économiste américain Richard Thaler, qui permet d’influencer les comportements en activant des leviers cognitifs. Le but du green nudge est alors d’encourager les comportements en faveur de l’écologie.

  • Design durable ou Design écologique :

S’ils se rapprochent fortement, les deux termes ne veulent pas dire exactement la même chose. Un design durable signifie que les ressources utilisées dans la conception d’un produit l’ont été de façon à ne pas nuire à l’accès des futures générations.

Le design écologique, de son côté, signifie qu’un produit a été conçu dans le respect de l’environnement et affiche une faible empreinte carbone. Le terme est plus large que celui de durabilité. Un design écologie peut aussi être durable.

Greenwashing, difficile de s’en débarrasser

Aujourd’hui, le public est plus que jamais conscient de l’urgence climatique. Les entreprises l’ont bien compris et redoublent d’annonces et de communiqués pour partager leurs engagements et leurs ambitions écologiques.

Malheureusement, il y a souvent un décalage entre les promesses et la réalité des comportements. 

Entre épuisement des ressources naturelles, consommation abusive d’énergie, gaspillage industriel et obsolescence programmée, le greenwashing est encore bien présent chez les acteurs du numérique.

Il revient alors aux gouvernements et aux institutions d’agir comme, par exemple, la Commission européenne et sa proposition de loi de l’automne 2022 visant à rendre les produits électroniques plus durables et ainsi favoriser l’éco-conception.

Mais une législation contraignante est-elle donc la seule solution pour forcer les entreprises à faire évoluer leurs pratiques ? La COP27 qui se tiendra prochainement en Égypte pourrait nous donner des indications sur le sujet, notons cependant que le numérique ne semble pas au programme des principales thématiques abordées.

De l’UX à l’EX, un engagement partagé au service de l’expérience collaborateur

De l’UX à l’EX, un engagement partagé au service de l’expérience collaborateur 2883 1533 Wedo studios


De l’UX à l’EX, un engagement partagé au service de l’expérience collaborateur

La crise sanitaire a transformé le rapport au travail : plusieurs pays testent la semaine de 4 jours, le télétravail se normalise au profit de l’hybridation, tandis que la Gen Z refuse le 100% présentiel (36% des salariés) et que certaines entreprises adoptent les congés menstruels.

Face aux enjeux économiques et sociétaux actuels (Grande Démission, slow living…), les entreprises ont compris qu’il était primordial de mettre l’expérience collaborateur au cœur de leurs préoccupations. La démarche participe à la redéfinition de la valeur travail tout en permettant de préserver l’engagement en interne et de développer une marque employeur attractive. 

Comme l’ensemble de la société, le monde du travail est en pleine mutation. Focus sur les reconfigurations de l’expérience collaborateur en 2022.

Qu’est-ce que l’expérience collaborateur ?

L’expérience collaborateur ou Employee experience (EX) est l’adaptation de l’UX (expérience utilisateur) au monde des RH. Autrement dit, ce sont les interactions et les expériences des salarié·e·s au sein de leur entreprise.

L’expérience collaborateur prend en compte tous les aspects du parcours des salarié·e·s : le recrutement, l’onboarding, la rémunération, les conditions de travail et même l’offboarding.

Nous pourrions dire que l’expérience collaborateur débute avant même le recrutement, auprès des futurs talents qui se renseignent sur l’entreprise. Les organisations l’ont bien compris, comme L’Oréal, dont la “carreers page” ne se contente pas de lister les offres de poste, mais communique également sur les valeurs portées par l’entreprise en interne (diversité, éthique, durabilité), dispense des conseils pour candidater, ou des témoignages de collaborateurs et de managers. 

C’est tout l’enjeu de la marque employeur, qui “désigne l’ensemble des problématiques d’image de marque liées à la gestion des ressources humaines et au recrutement d’une entreprise.” Encore faut-il que les promesses présentées en vitrine se vérifient concrètement en entreprise. La phase d’intégration des nouveaux collaborateurs permet justement d’appréhender les pratiques de l’entreprise en matières d’expérience collaborateur.

Focus sur l’onboarding

  • Ces dernières années, l’onboarding, soit la phase d’intégration des nouvelles recrues dans l’organisation, a pris une place de plus en plus importante dans l’expérience collaborateur. Tanya Bauer, chercheuse sur le sujet, définit l’onboarding comme le processus qui aide les nouvelles recrues à s’adapter à l’aspect social du poste et aux performances attendues, rapidement et en douceur. Elle théorise les 4 C nécessaires pour une intégration réussie : Conformité (les politiques de l’entreprise), Clarification (compréhension du métiers et attentes), Culture (les valeurs de l’entreprise) et Connexion (relations en interne, réseaux et outils d’information).
  • Selon Workelo, 80% des nouvelles recrues prennent la décision de rester dans l’entreprise au cours des 6 premiers mois. L’enjeu de l’expérience collaborateur rejoint donc celui de la fidélisation et de l’engagement des employés sur le long terme.
  • Si les grandes organisations (Google, L’Oréal, Orange, Linkedin, Apple, etc.) déploient des programmes dédiés à cet aspect de l’expérience collaborateur, 88% d’employés se disent insatisfaits de leur accueil. Et plus de la moitié des entreprises (58%) se contentent de diriger l’attention des nouveaux collaborateurs sur les tâches administratives ou l’intégration des processus.
  • Le cas de Slack : la messagerie collaborative prisée des entreprises propose un guide en 6 étapes pour réussir cette phase d’intégration et complète les 4C de Tanya Bauer par la Confiance, nécessaire pour conforter la nouvelle recrue dans son choix, notamment en la récompensant à intervalles réguliers.

Les bénéfices d’un onboarding réussi selon Tanya Bauer.

L’onboarding réussi selon Slack.

Les enjeux de l’expérience collaborateur 

Si vous prenez soin de vos employés, ils prendront soin de votre entreprise.” 
Richard Branson, fondateur de Virgin Group

En 2022, Beyoncé chante Don’t Break My Soul, morceau pop devenu malgré lui, l’hymne de la Grande Démission Outre Atlantique. Face aux phénomènes d’autonomisation et d’individualisation présents dans les sociétés contemporaines, les individus cherchent à s’affranchir des formes de hiérarchies verticales tout en privilégiant la recherche de sens et de valeurs dans leur activité professionnelle.

En plus de réduire le turn-over ou l’absentéisme, une bonne expérience collaborateur permet d’améliorer les performances des employé·e·s. Des collaborateur·rice·s moins stressé·e·s, plus motivé·e·s, qui se sentent écouté·e·s et valorisé·e·s fourniront un meilleur travail et par conséquent une meilleure expérience client.

L’expérience collaborateur s’envisage également au prisme du rôle du manager.

Il est celui qui accompagne les transformations au sein de l’entreprise. Le manager est à même de porter un regard d’observateur sur l’évolution des comportements des collaborateurs, et d’intégrer leurs demandes. Le manager contribue également à préserver un collectif qui a pu être malmené par les transformations récentes du travail.

Le design de l’expérience collaborateur

Selon une étude de l’Institute for Business Value de l’entreprise IBM sur le design d’expérience collaborateur, ce dernier s’articule autour de 3 axes : l’aspect social, l’environnement physique et l’activité professionnelle.

Ils se croisent et se superposent tout au long du parcours des collaborateur·rice·s. On peut alors dégager 6 piliers de l’expérience collaborateur :

Les 6 outils de design d'expérience collaborateur

1. La communauté : 

Ce sont les relations et les interactions qui jalonnent l’expérience collaborateur. C’est le sentiment d’appartenance, qui est un facteur essentiel à l’épanouissement d’une personne, en particulier en entreprise.

Pour renforcer ce sentiment, les entreprises n’hésitent plus à faire appel à des Chief Happiness Officers (responsable en chef du bonheur), à organiser des team buildings réguliers ou encore à mettre en place des moments dédiés à la culture d’entreprise, à l’image du InDay chez LinkedIn.

2. L’espace de travail : 

L’aménagement d’espaces de travail confortables et fonctionnels est primordial pour une bonne expérience collaborateur. 

En 2022, l’espace de travail évolue et s’adapte aux nouvelles méthodes de travail (freelancing, consulting, télétravail…). Si l’open space reste l’aménagement le plus répandu ( 21% des salarié·e·s français·e·s travaillent en open-space), il n’est pas le plus populaire.

De nombreuses entreprises s’orientent de plus en plus vers le flex office : un bureau où les places ne sont pas attribuées et généralement organisé en combi-spaces, c’est-à-dire constitué de plusieurs types d’espaces de travail (open space, salles de réunion, coins salon, salles de repos, etc.).

L’avantage du flex office est qu’il permet aux collaborateur·rice·s d’évoluer en fonction de leurs besoins et aux entreprises de libérer de l’espace ou de réduire les coûts de location par exemple.

Exemple d'un flex office

3. L’environnement : 

Ce sont les facteurs d’ambiance comme la localisation, le bruit, la lumière, la température, etc.

Les nombreuses critiques que reçoivent souvent lopen space et le flex office sont essentiellement liées à ces facteurs. On parle souvent d’espaces trop bruyants, d’un manque d’intimité, de personnalisation et même d’hygiène.

De nombreuses entreprises choisissent alors de s’éloigner des centre-villes afin d’avoir des bureaux plus grands (car moins coûteux) et plus calmes. Et pour répondre aux inconvénients liés au transport, certaines mettent en place des systèmes de navettes.

À l’aune du télétravail, l’environnement de travail s’élargit au lieu de tracances (travail et vacances), au chez soi, ou à tout autre espace externe au site de l’entreprise. Cette transformation implique une organisation nouvelle pour le collaborateur et peut induire des effets indésirables, comme l’isolement réel ou ressenti ou la baisse du sentiment d’appartenance. L’équilibre présentiel-distanciel doit donc être trouvé pour construire un environnement de travail satisfaisant pour tous.

4. Les outils de travail : 

La digitalisation du secteur professionnel ne date pas d’hier. Mais la pandémie et surtout la normalisation du télétravail ont poussé les entreprises à accélérer leur transformation numérique. Cela passe par les outils de mobilité (ordinateurs portables, tablettes, smartphones), mais aussi par les outils digitaux. Ainsi, 69% des salariés qui utilisaient des outils collaboratifs, les utilisent aujourd’hui davantage qu’avant la crise.

De la collaboration visuelle (Miro, Figma) à la gestion de projet (Asana, Trello, Monday) en passant par les suites collaboratives (Microsoft 365, Google) et les espaces de stockage en ligne (Dropbox, Drive), les outils de travail en ligne permettent la collaboration de tou·te·s les salarié·e·s qu’ils ou elles soient en présentiel ou à distance.

Et même plus ! Certaines entreprises développent leurs propres outils de collaboration comme Air France, Enedis ou encore Air Liquide afin qu’ils soient adaptés aux missions parfois spécifiques de leurs employé·e·s.

Écrans appli Enedis - wedo studios

Prototype de l’application Ah’ Yes réalisé par Wedo : une application pour accompagner les techniciens Enedis sur le terrain.

5. Les plateformes sociales : 

Tout comme l’organisation du travail, les plateformes de communication entre collaborateur·rice·s aussi évoluent.

Oubliez les mails traditionnels, aujourd’hui les collaborateur·rice·s communiquent par messageries instantanées (Teams, Slack) ou par visioconférence (Google Meet, Zoom, Whereby). 

Mais cela comprend également les dispositifs et les moments mis en place pour permettre aux collaborateur·rice·s de transmettre et échanger des informations ou des des savoirs (réunions d’équipe, entretiens annuels, réunions informelles, etc.).

6. Les missions :

C’est l’aspect managérial de l’expérience collaborateur. Le ou la collaborateur·rice se sent-il ou elle écouté·e et valorisé·e ? Les tâches à réaliser sont-elles cohérentes avec ses aptitudes et ses compétences ? Les objectifs à atteindre sont-ils clairement énoncés ?

Autant de questions en lien avec l’engagement à long terme du collaborateur. Les managers dont le rôle est entre autres de recueillir la parole et les perceptions des collaborateurs, pourraient bien avoir besoin d’un accompagnement et de formations personnalisées pour accompagner au mieux les transformations des modes de travail.

Les collaborateur·rice·s ont également besoin de savoir qu’ils ou elles ont la possibilité d’évoluer dans l’entreprise, que ce soit hiérarchiquement, financièrement ou intellectuellement. Nous retrouvons à nouveau la question de la formation, qui produit de la valeur ajoutée pour l’entreprise tout en complétant les compétences du collaborateur. La mobilité interne est également un facteur de longévité du collaborateur au sein de son entreprise.

Ce qu’on retient 

  • L’expérience collaborateur devient de plus en plus liées aux enjeux de marque employeur, en phase avec les évolutions sociétales et l’individualisation de la société. Elle est un élément clé pour assurer le bien-être des salarié·e·s dans une entreprise. Elle nécessite intégration, écoute, empathie et adaptabilité.
  • Une expérience collaborateur réussie peut s’appuyer de manière cohérente sur les valeurs portées par l’entreprise et ses engagements en interne.
  • Le design de l’expérience collaborateur s’articule autour de 6 axes que sont la communauté, l’espace de travail, l’environnement, les outils de travail, les plateformes sociales et les missions.

Une regard UX sur les applis du (self-)care : Appearance

Une regard UX sur les applis du (self-)care : Appearance 2560 1345 Wedo studios

En ce moment,  on s’intéresse de près aux applis et services du care. On a lu attentivement l’étude Wellness in 2030 de McKinsey. On a bien aimé les 6 catégories qu’ils identifient dans le bien-être : l’apparence, la pleine conscience (mindfulness), la nutrition, le sommeil, le fitness et la santé.

On a donc décidé d’en faire une série d’articles, et aujourd’hui, on vous parle du secteur “appearance”. On a fait un gros plan sur 3 marques qui innovent dans les services liés à l’apparence pour rendre ce domaine plus responsable, plus inclusif et décomplexant.

1. Skin & Out révolutionne le traitement de l’acné

Des gros plans de boutons, de peaux irrégulières ou à forte tendance acnéique : l’entreprise Skin&Out n’est pas seulement une solution cosmétique, c’est une manière globale de lutter contre l’acné adulte, mais aussi de l’appréhender autrement, et de manière moins complexée.

Site de Skin&Out

Dans le e-shop, on trouve deux options : la bento ou les produits à la carte.

La bento

La bento est un kit complet pour lutter contre l’acné adulte. Le principe est expliqué dans un tutoriel vidéo par les fondatrices en personne.

Il se choisit pour 2 ou 3 mois au choix, et se compose de cosmétiques (crèmes, gel) et de compléments alimentaires. On le reçoit chez soi, pour la durée à laquelle on a souscrit.

Présentation BENTO de Skin&Out

L’offre bento Skin&Out

En attendant la bento, on a aussi accès à un coaching personnalisé en ligne. D’abord, on remplit un questionnaire exhaustif (sur la localisation et la nature de l’acné par exemple) pour recevoir un premier diagnostic personnalisé écrit.

Puis on prend rendez-vous en visio avec un·e professionnel·le pour déterminer les facteurs déclencheurs d’acné et recevoir des conseils personnalisés (cosmétiques mais aussi nutritionnels et environnementaux).

Enfin, on rejoint la communauté des skinouters pour pouvoir échanger dans un espace bienveillant et body positive sur l’acné.

Communauté Skin&Out

Les skinouters : une communauté pour conseiller, mais aussi décomplexer et soutenir face à l’acné.

À la carte

Pour un accompagnement encore plus sur mesure, ou pour compléter l’approche, l’option à la carte propose des soins, des produits, des compléments alimentaires, des tisanes et des séances de coaching supplémentaires.

Ce qu’on retient de Skin&Out, c’est leur positionnement innovant sur l’acné (notamment la campagne #libéronslebouton), et la volonté de décomplexer le sujet, ainsi que celles et ceux qui en souffrent.

On remarque aussi une approche holistique (inet out) avec des cosmétiques mais aussi de la nutrition et un accompagnement global. Cette tendance se retrouve d’ailleurs dans d’autres marques comme Aime Skincare.

2. 900care change l’approche du contenant cosmétique

Pas d’étiquette, pas de marque, des contenants neutres, est-ce à ça que ressemblera la salle de bain du futur ? 900care rompt les codes traditionnels de la cosmétique et nous accueille dans une interface colorée par des slogans tirés de tubes musicaux et un positionnement entre l’engagement et l’humour.

Site 900 care

L’objectif de la marque est de démocratiser les cosmétiques waterfree (à créer soi-même en ajoutant de l’eau aux composants solides envoyés par 900care) et de faire disparaître les déchets d’emballages de cosmétiques en plastique.

L’entreprise propose donc une gamme simple de produits (gels douche, shampooings, dentifrices), vendus séparément ou en coffrets selon les besoins (coffret “débutant”, coffret “famille”).

Gamme 900 care

La gamme 900care

900care vend d’un côté des produits actifs qui se transforment en produits d’hygiène au contact de l’eau, et de l’autre des contenants rechargeables pour tous les produits basiques.

Un·e premier·e utilisateur·rice a devra ainsi d’abord inclure les contenants dans sa commande.

Choix de flacons 900care

Choix de flacons ou non

Ensuite, on peut se contenter d’acheter les recharges, qui sont livrées directement à domicile dans un emballage minimum, et se référer au FAQ de chaque produit si on a des doutes sur son utilisation.

FAQ 900care

FAQ produits 900care

3. Fusion bra d’Endeer : le soutien gorge sur-mesure grâce à l’impression 3D

70,4% des femmes n’aiment pas leur poitrine. Endeer, c’est la marque de lingerie qui a voulu travailler sur ce constat.

Pour cela, la marque part du postulat que les seins sont des formes et non des tailles : l’industrie de la lingerie propose ainsi différents gabarits de soutien-gorges, mais des formes standardisées qui satisfont rarement les utilisatrices.

Modèle fusion bra Endeer
Modèle fusion bra Endeer
Modèle fusion bra Endeer

Pour proposer des modèles parfaitement sur-mesure, Endeer utilise la technologie d’impression 3D. Fusion bra est le premier modèle commercialisable né de ce pari.

Fusion bra Endeer

Le fusion bra

Le fonctionnement est expliqué en détail sur le site.

Il faut donc télécharger une application spécialisée qui ne prend pas de photo mais des points de mesure de la poitrine et les transforment en modélisation 3D. Les données sont envoyées à Endeer qui produit et envoie le Fusion Bra à domicile.

Ce qu’on retient

  • L’industrie de la beauté, et les services et produits liés à l’apparence ont historiquement tenu un rôle important dans la normalisation des corps… et les complexes qui en découlent.
  • Dans ces trois services, on distingue au contraire des tendances fortes de personnalisation et d’engagement pour l’inclusion et le confort que des normes de beauté. Ils visent davantage à proposer aux utilisateur·rice·s des services qui améliorent leurs quotidiens que des produits qui les rapprocheront d’un standard unique.

L’apparence ne représente qu’un seul aspect du marché du bien-être qui vaudrait 1,5 billions de dollars. Nous vous avons déjà parlé de la mindfulness, bientôt nous vous parlerons également de la nutrition, du sommeil, du fitness et de la santé.

Notre coup de coeur pour Etienne Mineur

Notre coup de coeur pour Etienne Mineur 961 511 Wedo studios

Aux UX Days 2022, on a assisté à une présentation d’Etienne Mineur. Impossible de lister toutes ses inventions et expérimentations passionnantes en un seul article, donc on s’est focalisé sur trois aspects saillants de son parcours.

Un pionnier du design d’interaction

Etienne Mineur fait partie de la première génération de graphistes à travailler sur ordinateur. Dès le début de sa carrière, il se passionne pour le design numérique.

CD-ROM Yves Saint Laurent, 1999

Son portfolio contient notamment une série de CD-ROMs culturels (la vie d’Yves Saint Laurent, de Marcel Proust, de Freud), des collaborations avec des acteurs de la mode programmations culturelles (fondation Cartier, Issey Miyake, Chanel) et du design d’interface chez Nokia.

Volumique : maison d’édition et studio

Etienne Mineur aime autant le papier que les pixels. En 2009, il co-fonde une maison d’édition, qui est aussi un studio d’expérimentation pour développer de nouveaux livres, jeux et jouets où s’articulent souvent objets physiques et numériques.

Zéphyr, la fusée : un jeu utilisant à la fois livre et tablette numérique

Pions pour smartphones

À ses heures perdues (ou pendant le confinement), Etienne Mineur invente les spirogamis, des sculptures en papier en forme de spirale qui deviennent aussi des veilleuses poétiques.

Spirogamis (1)

Spirogamis (2)

L’IA

Enfin, en ce moment, ce qui passionne Etienne Mineur, ce sont les programmes d’intelligences artificielles dans le domaine graphique et textuel.

Typeface letter « A » with long hair in black and white

Son constat : maintenant que nous avons appris aux IAs à reconnaître des choses (chat, chien, typographie) à partir d’images numérisées (notamment avec les captchas), que restituent-elles quand on leur pose à notre tour la question : “à quoi ressemble un chat pour toi ?”

Arbre Escher et Gustav Doré

Il s’est penché sur le caractère inattendu et parfois dérangeant de leurs étranges réponses. C’est le dialogue entre IA et humain qui l’intéresse, les imperfections et erreurs qui découlent de l’absence de savoir expérientiel des IAs. Les implications pour la créativité, et pour l’avenir de la production artistique et éditoriale sont immenses. En tout cas, on a hâte de continuer à suivre ses expériences.

Qui utilise encore des dark patterns en 2022 ?

Qui utilise encore des dark patterns en 2022 ? 961 511 Wedo studios

Pas mal de gens apparemment.

Newsletters intempestives, publicités non-sollicitées, abonnements abusifs à des services payants : malgré l’avènement du design éthique et du care, les features spécifiquement conçues pour piéger les utilisateur·rice·s, les dark patterns, sont malheureusement encore très courantes.

Leur objectif ? Provoquer des actions involontaires chez les utilisateur·rice·s, mais qui servent les intérêts de l’organisation qui a conçu le service.

On a voulu récapituler les dark patterns les plus courantes, et les manières de les repérer.

Les exemples les plus courants

1. La fausse urgence

Particulièrement plébiscitée par les services de locations de courte durée, cette pratique consiste à presser les utilisateur·trice·s pour que la réservation soit faite le plus vite possible.

Booking

La menace sous-jacente est que l’offre ne sera plus valable ou le bien ne sera plus disponible. Airbnb a abandonné les notifications anxiogènes (“x personnes sont en train de regarder cette annonce en même temps que vous”) au profit d’une notification plus subtile sur la rareté de certains biens, mais à l’objectif similaire.

Airbnb

D’autres sites d’achat en ligne utilisent cette technique pour convertir un panier en achat, à l’aide d’un compte à rebours par exemple.

Just Fab

Enfin, la fausse urgence peut-être suggérée par l’affichage d’offres limitées dans le temps, avec une date d’expiration vague ou non précisée. Ainsi les utilisateur·rice·s ont peur de manquer une bonne affaire.

2. Bait and switch

Cette pratique implique d’inciter les utilisateur·rice·s à une action qui n’aura pas l’effet escompté, comme confirmer plutôt qu’annuler, acheter plutôt qu’adhérer au panier.

L’idée est d’utiliser le conditionnement visuel entraîné par l’utilisation d’interfaces.

Ainsi, certains codes familiers vont correspondre, dans l’imaginaire collectif, à certaines actions : un bouton situé en bas à droite, une notification en rouge, un bouton mis en exergue par un fond foncé, etc.

Cette pratique se retrouve particulièrement dans les jeux mobiles. Par exemple, Candy Crush conditionne les joueur·se·s à presser le bouton central pour jouer. S’il y a défaite, ils ou elles continuent d’appuyer sur ce même bouton pour rejouer, grâce à quelques crédits gratuits.

Candy Crush

Quand les joueur·euse·s n’ont plus de crédits, il faut en acheter. À ce stade, le nom du bouton a simplement changé de “rejouer” à “acheter”. Le réflexe de taper sur le bouton emmène les utilisateur·trice·s directement sur l’e-shop du jeu.

Candy Crush

3. Confirmshaming

Cette pratique est particulièrement utilisée en UX writing. Elle donne une connotation négative aux actions des utilisateur·rice·s qui ne sont pas dans les intérêts du service (comme se désinscrire ou abandonner son panier sans achat).

Amazon donne par exemple le choix aux utilisateur·rice·s de rejoindre Amazon Prime tout au long du parcours.

Au lieu d’un simple choix entre “oui” ou “non”, les consommateur·rice·s se retrouvent face à un choix de mots comme : “Non, je ne souhaite pas l’option de livraison en un jour” qui implique que l’utilisateur·rice·s fait un mauvais choix.

Amazon, (No, I don’t want the one-day delivery)

4. Des conditions obscures

Depuis l’année dernière, de nombreux sites comme Marmiton, 750g ou Allociné ont rendu leur accès payant aux utilisateur·trice·s qui refusent les cookies publicitaires (ceux qui récoltent vos données de navigation pour vous envoyer des publicités ciblées).

Allociné

S’il n’y a rien de répréhensible à vouloir faire payer un service, ces sites ne sont pas toujours des plus transparents sur cet aspect pourtant crucial du parcours utilisateur.

Par exemple, sur Marmiton, on donne d’abord le choix d’accepter ou de refuser les cookies avant d’informer qu’un refus équivaut à choisir l’option payante. Et le prix n’est annoncé que dans un troisième temps, alors que l’utilisateur·trice est déjà engagé loin dans le parcours.

Marmiton

Utiliser les sciences cognitives à bon escient

Promouvoir un produit sans tomber dans les dark patterns c’est possible. En fait, concevoir des interfaces efficaces et user-friendly, c’est le meilleur moyen de convaincre les utilisateur·rice·s de les adopter.

Ce qu’exploitent les dark patterns

Les dark patterns jouent sur certaines vulnérabilités. On en a listé quelques unes ici.

  • La culpabilité : instiller, notamment par un choix de mot étudié, le doute, la honte, ou simplement une image négative de soi à l’utilisateur·rice.
  • Le manque de motivation : concevoir des parcours d’abandon ou de réclamation tellement complexes que l’utilisateur y renonce par épuisement.
  • Limpulsivité : laisser penser à l’utilisateur·rice qu’il ou elle va perdre quelque chose (un service, un produit, une bonne affaire, une opportunité) en prenant son temps.

  • Lanxiété (qui peut résulter de toutes les autres) : inquiéter l’utilisateur·rice (par des notifications alarmantes de son logiciel anti-virus sur l’état de protection de son ordinateur par exemple).

Concevoir des interfaces efficaces et user-friendly

Ces principes peuvent être utilisés pour encourager un engagement positif chez les utilisateur·trice·s. Il faut à la fois leur donner la motivation d’utiliser le service et la capacité de le faire.

La motivation, ça peut venir de plein de choses : l’attractivité esthétique d’un service ou produit, ou tout simplement les bénéfices qu’il apporte aux utilisateur·rice·s.

Une communication claire, compréhensible et honnête fait la différence. Certaines applications de fitness jalonnent par exemple leurs parcours de challenges à la difficulté croissante. Les défis relevés sont récompensés par des badges, mais il n’y a pas de notifications intempestives ou culpabilisatrices si l’utilisateur·rice se rend moins sur l’application ou ne réussit pas un défi.

Ainsi, au lieu de compter sur les peurs des utilisateur·rice·es, l’UX éthique les engage par des parcours accessibles, familiers, rapides. Il s’agit de faire gagner du temps, de faciliter la vie, de réduire la charge cognitive des personnes.

L’UX est une discipline jeune, mais les dark patterns utilisent les mêmes mécanismes que des pratiques historiques du secteur de la publicité et du marketing. Si celles-ci sont encore largement plébiscitées, y compris par de grandes marques, une véritable tendance éthique émerge (le care design notamment).

Le rôle des designers est ainsi crucial dans les choix de conception vers des interfaces transparentes et sans piège. Aligner les intérêts des organisations avec ceux des utilisateur·rice·s est encore le meilleur moyen de les engager et de les fidéliser.

Care design : quand l’UX est aux petits soins

Care design : quand l’UX est aux petits soins 961 511 Wedo studios

Care management, métiers du care, care and repair : dans la catégorie “design qui fait du bien”, on a voulu décortiquer ce mot qu’on voit un peu partout, surtout depuis la pandémie.

Qu’est-ce que le care ? D’où vient-il ? Quelle différence avec les approches de conception inclusives ? Et quelles implications en UX ?

On a synthétisé en cinq points la tendance du care.

1. Pourquoi on ne traduit pas le care?
L’anglicisme du care

Taking care, c’est bien sûr prendre soin. Mais le care, c’est aussi l’attention portée à quelqu’un·e ou quelque chose. Un·e utilisateur·rice par exemple. Ou un service.

Donc, outre un engouement pour les anglicismes, le care a été adopté car le mot “soin” ne suffit pas à en traduire les différents aspects : sollicitude, attention, précaution, souci.

Par ailleurs, l’éthique du care nous vient d’outre-Atlantique et a été théorisée par Carol Gilligan. Dans son ouvrage In a Different Voice (1982), la chercheuse et psychologue américaine défend une société du care, sortant de l’individualisme et allant vers plus d’entraide.

Le manifeste de Carol Gilligan pour une société empathique

Dans In a Different Voice, la chercheuse mène une enquête de psychologie qui met en évidence que les critères de décision morale ne sont pas les mêmes chez les hommes et chez les femmes.

Selon cette enquête, les femmes privilégient la valeur de la relation, là où les hommes privilégient une logique de calcul et la référence au droit. Cette dernière conception étant dominante, la morale dite féminine est dévalorisée, y compris au sein de la justice. 

Carol Gilligan remet en question le principe de partialité de la justice en démontrant son caractère subjectif.

La critique qu’elle formule est radicale : « les éthiques majoritaires, et leur articulation au politique et notamment aux théories passées et présentes du contrat, sont le produit et l’expression d’une situation de la domination masculine et sont elles-mêmes un outil d’infériorisation ou de soumission des femmes, et aussi bien l’expression d’une pratique sociale qui dévalorise l’attitude et le travail de care, parce qu’associés aux femmes. »

Sa proposition féministe consiste à valoriser les caractéristiques morales considérées comme féminines (ce qui a trait au care). Aux éthiques de la justice et des droits des individus, fondés sur des principes moraux universels abstraits, Carol Gilligan propose une éthique relationnelle.

L’éthique du care nous demande ainsi de mobiliser notre attention sur ce que nous ne voyons pas d’habitude, voire ce que nous nous refusons à voir. Il s’agit de replacer l’ordinaire des quotidiens et l’interdépendance des êtres (admis comme tous vulnérables) au sein de la morale, de la justice et du politique.

Ainsi, selon Carol Gilligan, nous connaissons tou·te·s (ou allons connaître), au moins à un moment donné de notre existence, une certaine dépendance aux autres (dont la vulnérabilité est la forme la plus extrême).

Cette problématique résonne particulièrement avec les enjeux de vieillissement des populations et d’autonomie des personnes âgées.

2. Une approche initialement dédiée
aux patient·e·s

Care, accessibilité et inclusion

Personnes dépendantes, âgées, en situation de handicap : initialement, le care design était associé aux problématiques médicales et paramédicales.

100 ans de care design

Quelques exemples de produits représentatifs du care design :

 

  • Les douches EasyShower permettent de remplacer une ancienne installation (douche ou baignoire) par une douche adaptée à une personne âgée, qui peut ainsi profiter de son espace sanitaire en toute sécurité, et rester chez elle plus longtemps.

 

  • La gamme de petit-déjeuner Includeo de Tefal prend en compte les besoins des personnes en situations de handicap temporaire ou permanent, qui sont incluses dans le développement des produits dès la phase de conception pour en favoriser une utilisation intuitive.

 

  • Les téléphones Doro sont compatibles avec les appareils d’aide auditive et dotés d’une interface intuitive, avec une touche d’assistance et d’un bouton d’appel d’urgence, ce qui participe au maintien de l’autonomie des seniors.

Aujourd’hui, le care, c’est une approche plutôt qu’un secteur. Il ne s’agit pas seulement de se soucier des personnes les plus vulnérables, mais de la vulnérabilité chez toutes les personnes.

3. Le marché du bien-être
Une approche pavée de bonnes intentions

Optimiser un fonctionnement, optimiser un usage, optimiser un résultat : le design, c’est avant tout l’intention qu’un produit ou un service réponde de la manière la plus efficace possible à un objectif.

Selon les approches et les objectifs, cette intention varie. Aujourd’hui, le bien-être, c’est aussi un marché (plus de 1.5 billions de dollars selon McKinsey, avec une croissance annuelle de 5 à 10%).

Donc la tendance est au care : il faut préciser qu’on a prêté attention aux utilisateur·trice·s, qu’on en a pris soin.  Or, s’il y a besoin de préciser, c’est que ce n’est pas la norme.

Le standard serait-il donc without care? En tout cas, la Pandémie du covid19 a accéléré la nécessité de donner davantage de priorité au soin dans toutes ses dimensions : urgence sanitaire, valorisation des soignant·e·s, et impératifs de santé mentale notamment.

4. Care et UX
Le nouveau périmètre du care

En UX, cette évolution des attentes et usages vers davantage de bien-être se traduit par l’arrivée de nombreux services et produits dédiés (comme en témoignent le succès des sleepcasts).

Il s’agit aussi d’intégrer une intention de care dans tous les services, pas seulement ceux dédiés au bien-être. Cela passe par le ton employé (notamment en UX writing) pour s’adresser aux gens, par une prise en compte inclusive des besoins des personnes (identités, spécificités physiques ou mentales), et par l’importance générale accordée au bien-être.

Tout détail et choix de conception (un contraste, une feature, une emoji) qui peut éviter les micro-agressions et discriminations sont les bienvenus.

Donc, le care design, c’est concevoir en prenant soin des utilisateur·trice·s, en faisant attention à leurs besoins. Concevoir pour améliorer la vie des humain·e·s finalement :

  • En représentant leurs identités sociales variées (genres, origines).
  • En prenant en compte leurs besoins (langues parlées, ressources financières, condition physique).
  • En étudiant leurs manques, ce qui pourrait améliorer leur qualité de vie.
  • En concevant des produits et services en fonction de ces constats.
  • En permettant de faire évoluer nos produits et services sans avoir à les remplacer.
  • En prenant aussi soin des environnements et des écosystèmes indispensables à une vie en bonne santé.

5. Le (self-)care
Le nouveau périmètre du care

En cherchant dans votre smartphone, on trouvera sûrement une application de jeûne intermittent, de méditation, un tracking de santé, ou au moins votre nombre de pas quotidiens. C’est ça le self-care : une maîtrise par les utilisateur·rice·s de leurs indicateurs de bien-être, notamment leur humeur et activité physique.

Des services et interfaces qui réduisent la charge mentale (et les charges en tout genre), font gagner du temps et de l’énergie, et aident les gens à aller bien, on ne demande que ça. Mais avec l’intention (louable) d’aider les personnes à se sentir mieux, une nouvelle injonction apparaît : celle de prendre soin de soi.

On a lu attentivement l’étude Wellness in 2030 de McKinsey. On a bien aimé les 6 catégories qu’ils identifient dans le bien-être :

On a même réalisé une série d’analyses UX sur les applis-compagnons du self-care : on trouve ça passionnant.

Du Care mais pas performatif

Par contre, on essaie d’être vigilant·e·s sur le danger du bien-être individuel performatif. C’est-à-dire ce qui incite à présenter une façade de bien-être, comme s’astreindre à partager régulièrement des scores ou des photos de ses activités de wellness, ou consacrer un temps, une énergie et une charge mentale obsessionnels à ses routines wellness, plutôt que de bénéficier des bienfaits de ces activités.

Enfin, le bien-être performatif devient encore plus problématique lorsqu’il charge les individus de leur propre bien-être, car, par extension, cela les rend responsables aussi de leur mal-être. Aussi, on fait très attention à la manière dont nos services s’adressent aux utilisateur·rice·s, notamment les patient·e·s, pour les accompagner avec soin, mais sans les inciter

Un regard UX sur les applis du (self-)care : Mindfulness

Un regard UX sur les applis du (self-)care : Mindfulness 2560 1345 Wedo studios

En ce moment,  on s’intéresse de près aux applis et services du care. On a lu attentivement l’étude Wellness in 2030 de McKinsey. Et on a bien aimé les 6 catégories qu’ils identifient dans le bien-être : la pleine conscience (mindfulness), la nutrition, le sommeil, l’apparence, le fitness et la santé.

On a donc décidé d’en faire une série d’articles, en commençant par la pleine conscience, la plus énigmatique de ces catégories.

En effet, la mindfulness  a le vent en poupe : les applications de méditation se multiplient, et Headspace a même sa propre série Netflix, en huit épisodes, présentant les bienfaits de la méditation, certaines techniques ainsi que des séances guidées.

Qu’est-ce que la mindfulness exactement ?

Le Cambridge Dictionary la définit comme “la pratique de la conscience de son corps, de son esprit et de ses émotions dans le moment présent, afin de créer un sentiment de calme”.

On a choisi de ne pas la traduire littéralement car, si elle a des airs de synonyme de santé mentale, la mindfulness s’apparente davantage à un bien-être psychique associé à une spiritualité.

Il existe des applications dédiées (méditation, exercices de respiration, journal d’humeur) ou des features intégrées à d’autres services (comme les sleepcasts, ces podcasts dédiés au sommeil).

Que traduit cet engouement ? Entre crises économiques, crise environnementale et crise sanitaire, le sujet de la pleine conscience s’est rapidement étendu au grand public, avec un réel besoin des personnes de se recentrer, et un bien-être à (re)trouver.

Dans cet article, on vous propose de retracer les parcours utilisateurs de cinq applications de mindfulness : Headspace, Calm, Petit Bambou, Insight Timer et Alan Mind.

1. L’onboarding

La mindfulness est à la mode et les app stores l’ont bien compris. L’Apple Store a par exemple une catégorie entièrement dédiée aux “applications de bien-être” et même une collection “On se détend” où on retrouve les applications de mindfulness les plus populaires.

Sur les appstores

On retrouve globalement les mêmes mots-clés (“santé”, “relaxation”, “bien-être”, “respiration”, “détente”) et les applications annoncent une couleur unie : l’objectif est de vivre un moment de détente.

Sur l’appstore

Premier contact

Headspace met l’utilisateur·rice dans le bain : après avoir téléchargé l’appli, on est directement accueilli·e par des exercices de respiration. Insight Timer propose de son côté une citation pour inspirer, et Calm offre l’association d’une image et d’un son pour apaiser (grillons, gouttes de pluie).

Écran d’accueil de l’application Headspace

2. Le profil

Toutes les applications exigent la création d’un profil personnalisé avec des questions plus ou moins détaillées.

Qu’est-ce qui vous amène ?

Chez Headspace, Calm et Insight Timer, on retrouve la même question “ Qu’est-ce qui vous amène ?”, suivie d’une série de propositions allant de l’amélioration du sommeil à la gestion du stress en passant par la simple curiosité.

Alan Mind va assez loin avec un formulaire de 40 questions sur l’estime de soi, la qualité de vie, la gestion du stress, etc.

Alan Mind demande à ses utilisateur·trice·s de répondre à des questions sur l’estime de soi,
l’équilibre mental, l’hygiène de vie ou encore la satisfaction

L’abonnement

L’utilisateur·trice peut souscrire ou non à un abonnement payant (généralement avec un essai gratuit de 7 à 14 jours). Les prix vont de 41,99€ par an pour Petit Bambou à 57,99€ pour Headspace. La variété de contenus accessibles gratuitement diffère fortement selon les applications. 

Chez Headspace, Calm, Petit Bambou et Alan Mind, l’utilisateur·trice se retrouve rapidement limité·e dans les fonctions et services disponibles.

Seule Insight Timer propose un catalogue de contenus gratuits assez vaste : l’application se présente davantage comme une plateforme de partage entre adeptes de mindfulness et créateur·trice·s de contenus que les applications concurrentes. De fait, elle limite moins les contenus et services gratuits.

Sur Headspace, Calm et Alan Mind, le contenu payant est illustré par des petits cadenas fermés,
tandis que sur Petit Bambou, il est illustré par des icônes et des textes légèrement grisés
.

Le tableau de bord

Enfin, dans toutes ces applications de mindfulness, les utilisateur·trice·s peuvent suivre leur évolution à partir d’un tableau de bord.

Selon les applications, on retrouve différentes fonctionnalités :

  • L’historique des séances ou exercices pratiqués ;
  • Des statistiques sur la fréquence à laquelle l’utilisateur·trice a pratiqué la méditation par exemple ; 
  • La possibilité d’inviter des ami·e·s et de leur partager du contenu ;
  • La possibilité d’enregistrer du contenu dans des playlists ou dans les favoris (Insight Timer).

Certaines applications proposent même un suivi plus ou moins régulier du bien-être ou de l’humeur : c’est le cas chez Headspace, Alan Mind et Calm.

Headspace propose à l’utilisateur·trice de faire un check-in mensuel
de ses émotions avec une série de 10 questions.

Alan Mind propose un suivi quotidien de l’humeur.

Calm propose plusieurs types de suivis quotidiens (de l’humeur, de gratitude, du  sommeil)
et également des exercices quotidiens de réflexion.

3. Le contenu

Ces applications proposent une multitude d’activités assez similaires : des séances guidées ou autonomes de méditation, des podcasts, des sleepcasts, des musiques d’ambiance, des exercices de respiration, etc

Et pour catégoriser ce vaste contenu, les applications débordent d’imagination. La navigation est guidée par les catégories parfois simples et explicites (“Sommeil” ou “Relaxation”) aux plus énigmatiques “Crise de calme”, “Lettre non-envoyée”, “Se préparer comme un Olympien” ou encore “Avancer en âge”.

Pour s’y retrouver, l’utilisateur·trice a accès à une barre de recherche avec des critères plus ou moins avancés.

Barres de recherche des applications (de gauche à droite) Headspace, Calm, Petit Bambou,
Insight Timer et Alan Mind. Seule Alan Mind propose une recherche filtrée.

Ce qu’on retient

  • Entre crises économiques, crise environnementale et crise sanitaire, le sujet de la pleine conscience s’est rapidement étendu au grand public. Il a aussi ouvert un marché pour une multitude d’applications spécialisées.
  • Ces applications se ressemblent fortement dans leur parcours utilisateur et dans les fonctionnalités qu’elles proposent. Il n’y a pas de différences notoires dans leur UX, ni dans leurs modèles économiques.
  • Mais leurs manières d’aborder le bien-être et de communiquer avec les utilisateur·trice·s diffèrent : certaines ont une approche plutôt pratique de la méditation (Headspace), d’autres mettent l’accent sur la santé mentale (Alan Mind) ou la communauté (Insight Timer).
  • C’est le ton et le positionnement qui distinguent le plus clairement les applications de mindfulness l’une de l’autre, et ce qui souligne une fois de plus l’importance d’un travail d’UX writing soignée et réfléchi

La pleine conscience ne représente qu’un seul aspect du marché du bien-être qui vaudrait 1,5 billions de dollars. Nous vous parlerons bientôt des cinq autres segments du (self-)care identifiés par McKinsey : la nutrition, le sommeil, l’apparence, le fitness et la santé.

e-Estonia : un État 100% numérique

e-Estonia : un État 100% numérique 961 511 Wedo studios

Skype, Playtech, Wise, Bolt ou encore Pipedrive, ces géants mondiaux de la tech ont tous un point
commun : l’Estonie !

Avec seulement 1,3 millions d’habitants et 31 ans d’existence, ce tout petit pays du nord de l’Europe est celui qui accueille le plus de licornes (start-up évaluée à plus d’un milliard de dollars) en Europe, voire dans le monde.

Pays très avancé dans le domaine du numérique, l’Estonie est championne du design de services publics. Elle a notamment réussi très tôt à mettre en place des services publics presque 100% numériques et a même créé une nation numérique : l’e-Estonia.

Des services 100% numériques

Suite à son indépendance en 1991, le gouvernement estonien a très vite voulu rattraper l’avancée des pays de l’Ouest dans le domaine numérique, et se démarquer des autres pays baltes. L’Estonie a donc fait du numérique une priorité, notamment dans l’éducation.

En 1997, le projet Tiigrihüpe ou la Tiger Leap Initiative est lancé dans les écoles du pays. L’objectif ? Former le corps enseignant aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et fournir aux élèves l’accès à des ordinateurs et à Internet. Dès 2001, toutes les écoles estoniennes étaient connectées à Internet.

Et pour continuer à s’établir en tant que e-gouvernement et surtout rendre les services publics plus accessibles, l’Estonie a mis en place un certain nombre de mesures :

  • Dès 1996, les banques locales développent des solutions 100% numériques afin de permettre l’accès aux personnes habitant en zone rurale ;
  • Depuis 2000, il est possible de déclarer et de payer ses impôts en ligne, en seulement 3 minutes ;
  • En 2002, un système de carte d’identité et de signature électronique est mis en place ;
  • En 2005, l’Estonie devient le premier pays au monde à permettre le vote en ligne ;
  • En 2008, le système de santé et les ordonnances se numérisent pour réduire le volume de papier et faciliter les processus médicaux.

Aujourd’hui, 99% des services publics estoniens sont accessibles en ligne.

L’Estonie a développé de nombreuses autres solutions qu’elle a parfois exportées à l’étranger comme m-Parking (pour payer sa place de parking par téléphone) et x-Road (un logiciel open-source de traitement sécurisé de données). 

Mais avoir un gouvernement majoritairement en ligne comporte des risques.

En 2007, l’Estonie est victime de “la plus grande cyber-attaque contre un pays à ce jour”. Le gouvernement estonien a pourtant tenu bon et profité de cet incident pour se positionner en tant que leader en blockchain et de cybersécurité.

Aujourd’hui, le Centre d’excellence pour la cyber-défense en coopération (CCD CoE) de l’OTAN et l’agence de l’Union Européenne pour la cybersécurité sont tous les deux  basés à Tallinn.

Mais l’expansion numérique de l’Estonie ne s’arrête pas là puisqu’en 2014, le pays décide de créer un État 100% numérique, ouvert à tous : l’e-Estonia.

Qu’est-ce que l’e-Estonia ?
e-Residency

L’Estonie est le moins peuplé des trois états baltes . Afin de décupler sa population, le gouvernement décide, en 2014, de proposer aux étrangers de devenir e-Résident·e·s.

Les e-Resident·e·s peuvent ouvrir et gérer des comptes bancaires estoniens, entreprendre des démarches administratives ou encore établir et diriger une entreprise estonienne à distance. Ils peuvent tout faire en ligne au même titre qu’une personne de nationalité estonienne, à part voter.

Le site officiel du gouvernement décrit les différentes étapes permettant d’obtenir le statut
de e-Résident·e.

Kit e-Residency : une carte de e-Resident et son lecteur pour effectuer ses démarches en ligne.

Les Estonien·ne·s et les e-Résident.e.s peuvent accéder ou signer leurs documents administratifs
via le logiciel DigiDoc, développé par le gouvernement estonien.

Ainsi, la e-Residency cible en particulier les entrepreneur·euse·s étranger·ère·s qui souhaitent s’établir sur le territoire européen de manière simple et rapide. C’est d’ailleurs l’argument phare du gouvernement estonien. Il propose aux e-Résidents d’ouvrir leur entreprise en ligne en quelques clics, ainsi que des services de comptabilité et de secrétariat.

Ce qu’on retient

  • L’e-Estonia compte à ce jour pas moins de 85 000 e-Résident·e·s à travers le monde et 9 licornes.
  • Le pays se démarque comme un pionnier du service public numérique, mais aussi de la cybersécurité.
  • La création de l’e-nation estonienne a servi les intérêts économiques du pays en se montrant très accueillante pour les start-ups, mais aussi joué un rôle dans l’accroissement de la population.
  • Le choix du gouvernement de passer en priorité par l’éducation pour déployer les expertises numériques s’est avéré payant.

Anticiper le futur du droit de l’espace

Anticiper le futur du droit de l’espace 1600 830 Wedo studios

Prospective

Design fiction

Droit de l’espace

Futur souhaitable

La présence pérenne de l’homme dans l’espace soulève des questionnements juridiques comme la répartition des territoires et des ressources, la régulation des transports, ou encore l’arbitrage entre différents acteurs.

Extraits de deux scénarios prospectifs développés et illustrés par Wedo Studios

Space’ibles est l’organisme du CNES qui traite les enjeux d’anticipation liés à la mise en œuvre du programme spatial, et donc chargé de s’occuper des ces questions.

Nous les avons accompagnés pendant deux ans par une étude de fond sur les tendances susceptibles d’avoir un impact sur le futur du droit de l’espace, le développement de scénarios d’anticipation, des formations sur les méthodologies prospectives et des ateliers de design fiction.

Comment avons-nous accompagné l’agence spatiale nationale dans sa réflexion prospective sur le futur droit de l’espace ?

1. En prenant connaissance d’un écosystème et de sujets complexes.

Space’ibles, c’est l’observatoire de prospective spatiale intégré au CNES (le Centre National des Études Spatiales), l’agence chargée d’élaborer et de mettre en œuvre le programme spatial français.

Ses missions visent à explorer les futurs possibles du domaine spatial et à éclairer les décisions à prendre à court et moyen terme pour un futur souhaitable. L’organisme assure le dialogue entre différentes parties prenantes et expertises (universités, industries, administrations, ministères).

Pour les accompagner, il nous a fallu comprendre leur écosystème, et prendre en compte la pluridisciplinarité des intervenant·e·s, notamment la collaboration entre le CNES et l’IDEST (Institut du droit de l’espace et des télécommunications).

2. Pour dégager des tendances de fonds.
astronaute-CNES

L’orientation des productions issues des recherches prospectives devaient aussi être cohérentes avec les objectifs stratégiques et de communication du CNES.

Un travail de recherche approfondi nous a permis d’identifier les différents enjeux juridiques liés à la conquête spatiale et d’inventorier les tendances de fond susceptibles d’orienter le travail prospectif à partir des six thématiques suivantes.

Extraits de cartes définissant les scénarios

3. En formant aux méthodes prospectives.

Les participant·e·s ont imaginé et expérimenté la résolution de conflits juridiques du futur des activités spatiales.

Ils et elles se sont interrogé·e·s sur les limites du cadre juridique actuel et ses évolutions possibles selon les dynamiques économiques, politiques et militaires à l’œuvre.

Vous voulez en savoir plus sur notre méthodologie en trois ateliers ?

4. En formalisant des scénarios d’anticipation.
2-Astronautes-CNES

Une fois initié·e·s aux méthodes prospectives, les participant·e·s ont dû élaborer des scénarios d’anticipation qui soient alternativement optimistes, neutres, et pessimistes. 

Nous les avons guidés dans l’élaboration d’histoires suivant les codes de la narration, en y intégrant l’impératif d’un contexte sérieux et réaliste.

cartes-scénarios-CNES

Atelier de design fiction de Wedo Studios pour le CNES, scénario n°1

5. Restituer nos acquis dans un rapport technique
et des supports de communication.

Nous avons rendu compte des enseignements de ce travail de recherche dans un rapport formel pour restituer les conclusions des enjeux stratégiques. En parallèle, nous avons créé un support ludique et créatif pour pour une distribution grand public des scénarios.

Extraits de deux scénarios prospectifs développés et illustrés par Wedo studios

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Tendances de fonds
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Bandes dessinées